(Image de chez Pierre Albarede.)
Aujourd’hui la Méditerranée fait un bruit énorme.
Elle torrente, claque, ruisselle, court et s‘enfuit.
On perd les cris des enfants qui jouent contre elle.
Loin elle s’ouvre, toute entière; puis elle grimpe ses vagues brunes, emmêlées d’algues arrachées; elle creuse sa colère; et puis balance la neige translucide de son écume; et frappe; et file, file, griffer le sable, l’emporter sous son ventre glacé.
Il y a deux trous à la place de mes pieds.
La mer gifle le vent.
Un petit lac calme de ressac entre deux éboulements d‘eau, m’empêche d’avancer, me tire au large. Alors je laisse aller mon corps, et j’écoute sa rancoeur:
Elle ressasse que ce matin elle est née du soleil; qu'elle paressait tranquille dans le bleu et l’or du ciel; quand cet imbécile de Mistral l’a gonflée, malmenée, arrachée à ses langueurs.
Je l’entends battre.
Le Mistral m’effleure à peine sur le sable.
Il n’y a que ce bruit énorme de la Méditerranée qui remplit l’air.
Ut le 12/08/2009