Pas de rhubarbe au marché: j’ai regardé devant derrière, parce que parfois les choses désirées se cachent; j’ai failli la confondre avec des céleris en branches (heureusement il y avait une ardoise, pour le nom et le prix)…
Non, pas de rhubarbe au marché ce matin.
Mais j’ai lu de jolis refrains, comme les cébettes, les potirons.
J’ai entrevu quelques éclairs, comme ces piments verts, rouges; petits firmaments brûlants.
J’ai reçu le gitan violoniste, de l’autre côté du soleil, aussi tanné que son instrument, qui arpègeait pour une vieille femme lourdement penchée sur son aumône.
J’ai entendu une maraîchère en tablier vert, qui disait que le porte monnaie des derniers touristes était raide et grincheux.
J’ai respiré des fleurs très fières; et très chères.
J’ai frôlé des tables en terrasse, sans Ramadan, couvertes de mains et de dés et de paroles.
J’ai reçu un sourire d’enfant bouclé; bouclé dans sa poussette, cerné de jambes.
J’ai senti l’air du vent, rouler sous les auvents de tous les temps; accompagner la foule odorante, à peine bruyante.
J’ai croisé mon enfant doré.
Et comme je n’avais rien pour t’écrire tout ça, je suis allée dans le grand magasin, rayon fournitures de rentrées, payer un crayon et un cahier.
Et je suis restée debout sur le pavé d'été, mes paquets à mes pieds, le cahier trop grand, le crayon trop fin.
A tenter de te dire.
Ut le 25/08/2009