Elle est comme une feuille de silence.
Non.
Elle est le silence.
Intense.
Fermé.
Bouclé à double tour.
Avec toute cette lumière autour ; des papillons de lumière qui tombent sur elle.
Ce n'est pas le vieil arbre effeuillé encore, qui dira le contraire. Il la connaît bien le vieil arbre depuis le temps... depuis quatre ans déjà...
Même dessous sa chevelure d'été, le berceau était silence emmailloté.
Marie n'a jamais parlé.
Les docteurs ont dit qu'elle était muette.
Muette!... ça ne veut pas dire silence!... Ils n'y comprennent rien....
Marie dans sa robe rouge.
Marie coquelicot.
Assise sur le vert pelouse, et balancée d'avant en arrière ; balancée par tout ce vent qui n'en finit pas de parler dans sa tête.
Ses mains sertissent ses deux genoux repliés contre elle : même son corps elle ferme.
Robe corolle autour.
Blanche Marie tricote ses lèvres de silence à dire ce que personne n'entendra jamais.
A balancer son corps comme une virgule qui conjuguerait tous les temps et tous les sens.
Blanche Marie, coquelicot des neiges, des éternels silences, a le regard si noir et si tendu, que France, jamais très loin, lève la tête et la regarde ; et se cogne aux deux fentes noires comme un cri. Un long cri sans bruit .
Et silence se balance aux branches à peine du vieil arbre ; à la robe coquelicot ; aux larmes de France maman.
Ut le 02/04/2010.