Ce sont les clics-clacs du briquet qui m'ont fait tourner la tête :
Il avait sorti un morceau de résine marron foncé et l'émiettait à la flamme "clic-clac" dans le creux de sa main dodue de gosse.
Il a senti mon regard et nous nous sommes fixés jusqu'à ce qu'il ferme sa main et range le petit bout brunâtre dans sa poche ; un bout qui ne reniflait même pas l'odeur de la défonce.
Dans le wagon il n'y avait plus que les deux jeunes dans la rangée à côté de la mienne, et un mec au fond derrière moi, côté fenêtre.
C'est comme ça le TER du Vendredi soir quand on a passé toutes les gares jusqu'à Bandol.
J'ai remis mon regard dans mon bouquin.
Mais j'ai vu le gamin sortir une feuille à rouler et se faire le joint.
Il était presque obèse, les fesses serrées à mi-hauteur dans un jean de large trop étroit.
Il parlait avec un mec tout maigre et tout avachi dans le siège juste à ma gauche de l'autre côté du couloir, comme seules les jeunes savent ne rien dire dans cette nouvelle langue des quartiers qui répète toujours les mêmes mots ; à croire que la langue française elle n'a plus vraiment de vocabulaire et que tout le monde s'appele Yo ou Man.
Le train sentait la sueur vieille, la clope rance, les haleines perdues de vieux mots fantômes, et il y traînait un sale froid de fin de semaine qu'on aurait dit du shit à boulot.
Ut le 11/03/2012.