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18 août 2008 1 18 /08 /août /2008 16:34
Il y a les mots en noir qui jettent l'encre des absences à la lecture amère.
Il y a les mots des sciences qui ne veulent dire qu'une chose à la fois, qui ne parlent qu'aux initiés.
Il y a les mots alignés qui coupent menu l'instant; croisent et décroisent une description, un présent. Ils sont tellement honnêtes que celui qui les lit se met à leur ressembler.
Il y a les mots batifolés, dégagés de toute construction, uniquement en reflets les uns aux autres. Ils ne racontent pas: ils sont posés là pour faire beau au regard.
Il y a les mots qui bondissent, qui dansent et virevoltent; mots pressés qui laissent juste l'espace d'un courant d'air.
Et puis il y a mes mots préférés: les notes transparentes de silence:
Pas vraiment dire, pas vraiment raconter; juste écrire le seul mot de vérité; celui qui ouvre l'image, précipite la phrase pour qu'elle s'allonge sur le présent, en échos à toutes ces vies qui vont la lire. La phrase de l'instant qui n'est qu'un passé encore en devenir. Ecrire et créer hier pour donner demain à ceux qui s'y marieront.
Ouvrir une page, choisir les mots; parce qu'ils sont tous là, posés à la mémoire, avec toutes leurs histoires et tout ce qu'ils pourraient dire.
Raconter sur un souffle translucide, comme ce ciel qui n'en finissait pas de  voir, loin, loin, au coucher du jour, hier.
Là, un filet de bleu qui s'étire.
Là un bel orange, qui toque sur le bleu pour accompagner l'encre, chanter l'heureux.
Ecrire comme en peinture: une note après l'autre, sur l'harmonie des silences de ce que tu as à ouvrir..
Le mot jamais fini, parce qu'il s'enroule aux autres et perd son sens, et recréé une phrase qui invente autrement.
Mots magie qui dévident leurs ballades, leurs poèmes; toute cette encre noire dessinée pour les yeux des autres.
Dire et redire, et recommencer, pour pas qu'on t'oublie, pour te partager. Donner aux autres le pain qui te nourrit et t'étouffe. Toute cette mie de toutes ces vies, qui mousse au bord de ta mémoire, et qu'il faut que tu envoles sur une note à frémir, à caresser, à pleurer, à soupirer; une note à jouir.
Planter du bonheur au suspendu d'une encre, du mot unique et multiple qui transpire toutes ses vérités sur un rayon d'essences, de non-dits, d'à peine suggéré.
Le crayon en service à vos vies; le crayon qui ne devrait débiter que des morceaux d'étoiles, comme au creux d'un éclat de musique, qui fait pleurer et remercier Dieu.
Du bonheur pour nourrir l'imaginaire, recréer du rêve, au seul mot parfumé de la couleur à peine ébauchée, en échos de silences à tous les autres mots.
Créer de la transparence en dévidoirs d'humanité.
Parce que tu existes.

Ut le 18/08/2008


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8 août 2008 5 08 /08 /août /2008 21:25

L'artiste debout sur le seuil à peine entrevu d'une naissance. Debout dans l'urgence, et pourtant bête de son vide, de la fuite transparente d'une inspiration inaudible, encore blanche sur la nuit de son âme en transes, tremblante du miracle en devenir.
L'artiste créateur d'infinis n'est que le geste du présent pour donner son tempo à l'humanité; pour traduire les méfaits de la vie à son coeur angoissé; pour porter à tous les autres le cri de la vérité.
Artiste anonyme, en solitude de larmes, au banc de nos vies.
Artiste laissé en souffrances d'accouchements.
Tendu au bord de l'éternité, sur le fil qui relie les vies à la mort, le fil des respirations de tous ces êtres dont il est imprégné; dont il a charge de sainteté.
Artiste en auréole sur un sale monde d'indifférence, d'argent , de guerres et de maladies; un sale monde enchaîné à l'aveugle de sa propre impuissance.
Artiste au regard prémonitoire que personne ne veut croire.
Artiste déposé à nos côtés par Dieu compatissant de pauvre humanité.
Il imprime l'aurore de tous les mondes comme une fenêtre de vent, d'innocence, ouverte en permanence aux nuits de nos esprits clos.
Artiste de sang et d'or.
Prophète et sauveur de toutes les âmes chargées en lourdes grappes sur son essence ténue, en marche vers le beau, en création.

Ut le 08/08/20088

 
 

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5 août 2008 2 05 /08 /août /2008 22:26
Et file le jour crade au ruissellement d'or de l'astre d'été
Et passent les gestes, les paroles et les mots, du matin à la nuit, au silence des oublis
Et s'envole la musique en notes virevoltantes, tatouées au grave de nos solitudes
Et la caresse du ciel bleu-gris se suspend aux doigts de nos mortes vies
Et bave la lune au blanc de nos yeux aveugles
Et s'enroule la moite nuit au pleutre de nos désertions
Regards oubliés
Oreilles fermées
Coeurs sans âmes occupés à simplement survivre.

Ouvre donc le vin
Sers à la ronde
Que l'ivresse enfin
Nous unisse au monde!

Ut le 05/08/2008

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29 juillet 2008 2 29 /07 /juillet /2008 22:25

La lourde porte claquée sur la nuit, elle marche au clair de la ville qui déjà efface son sommeil.
Ruelles grises et hautes au bleu délavé de ce ciel de petit matin; dédales offerts; passages de silences.
Un vieil homme balaie quelques feuilles froissées; une femme dispose doucement des coussins à la terrasse alanguie du pas de la porte de l'Opéra encore illuminé.
Un portier de nuit, debout au seuil étroit d'un hôtel, fume au boitillement gourd de sa veille, sur le jour qui libère son insomnie.
Les dalles et les pavés de la basse ville ruissellent encore de la douche matinale des machines à effacer les déchets des hommes.
Les ruelles montent.

Ses pas sont souples et vite et sans bruit.

Croise un vélo, à peine bruissé, qui file au boulot.
Sous un coin de place dort le maigre et vieux clochard qui souvent dans la journée chante à sa guitare momifiée de sparadraps. Il ne s'est pas couvert: la nuit d'été fut douce.
La dernière montée est goudronnée, bordée de trottoirs, un peu comme une rue, une bourgeoise qui grimpe au premier boulevard.
Quelques voitures qui glissent.
Lampadaires comme des hublots brumeux de lumière électrique.
Une échancrure de marches.
Une double porte vitrée qui s'efface.

Et le micro qui bombe la tête.
Les voix hachées qui s'arraisonnent.
Les pas qui se précipitent.
La lumière jaune qui délave toutes les ombres: c'est la gare.

Un long, lourd, violent déchirement: le train s'amare au quai.

Elle quitte la dolence des ombrages, les petits troquets, les pavés en pente de la petite ville d'eau salée, qui vit accrochée à son port, à ses bâteaux de pêche, à ses navires de guerre, à ses marins en escale, à ses filles colorées et racées, sans pudeur, qui rythment de leurs longues jambes noires, sa mode, ses amours et ses bagarres.

Le train, sans aucun état d'âme va changer l'espace entre elle et sa demeure, à présent ouverte sur la place d'oliviers bercés du cri gargouillé de la vieille fontaine.
Aller! Monter dans le train, lâcher les odeurs, les bruits compagnons, et partir sur aujourd'hui en ne pensant qu'à ce soir, à l'enjambement de la marche du train du retour qui lui ouvrira la sourde chaleur du jour passé, des bruits à la traîne, des parfums assoupis dans quelques recoins de sa petite ville de mer, de mouettes et de cigales.

Ut le 29/07/2008

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25 juillet 2008 5 25 /07 /juillet /2008 22:11

D'abord ouvrir le silence en musique comme une note sur la pièce,
Et puis disposer d' un verre ventru
Habillé de vin râpeux vermillon et charnu.
Puis aux doigts prendre le bois de la palette écaillée
Des vieilles couleurs séchées,
Et enfin s'approcher du chevalet, cierge
Majestueux, berceau de la toile vierge.

Les mains déjà fébriles s'agitent
Cherchent le bon pinceau le chiffon,
Ouvrent les tubes, dessinent des taches rondes
A la palette ouverte en mélanges, à l'inspiration.

La pièce alors s'entortille, s'évanouit et balance
Aux rythmes aux parfums, ocres et sucrés,
Des couleurs, de la térébenthine et du vin mélangés.

Et lui tourne la tête sur l'urgence de dire
D'effacer en silence l'absence.

L'enduit blanc de la toile immaculée
Entête ses yeux, impatiente ses mains;
Toile nue et offerte, elle est prête pour le bain
L'orgie des couleurs, pour la jubilation à créer.

Et la danse commence:
Couleurs qui se fondent
Qui s'effacent et s'éclairent en folle ronde,
Lumières errantes hésitantes,
Et d'un trait... la naissance.

Toile de notes tachée
Tachée de choeurs égrenés,
De chants et de symphonies,
De balbutiements, de l'essence, de l'orée
De toute unité, en harmonie;
Toile des désespoirs incolores aux cimes de l'art en folie.
Toile crée, toile criée........

Le peintre ne voit rien
Le peintre est en enfantement absorbé.
Le peintre parle avec Dieu sur la pièce posé,
Le peintre dialogue avec l'ange gardien.
L'ange de toutes les noces, de toutes ces choses
De tous les rêves inavoués
De tous les tourments entrelacés
De tous les rires; des âmes écloses.

Le peintre a transfiguré,
Donné le pain à la faim
L'eau à l'aride
Le rêve aux brisures de la vie.
Le peinte a chanté
Le peintre a accouché
De la toile toujours inachevée et pourtant donnée,
A toutes ces âmes à tous ces coeurs à tous ces yeux,
A l'Amour en camaïeux.

Ut le 25/08/2007

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23 juillet 2008 3 23 /07 /juillet /2008 16:59

Au soir d'une grise et froide  journée d'hiver et de travail ,
pas d'autre rêve, d'autres envies que d'être,
là et maintenant, assise au silence d'une ronde de bonheur.
Les étoiles roulent, la nuit file, le train glisse,
la musique en brume monte, colore, et sublime, en silence.
Juste rouler avec les étoile, filer avec la nuit, glisser
au creux douillet du tunel noir allumé aux étoiles d'un soir magicien,
en secret.
Pas d'autres silences que le sablier de musiques aux oreilles.

L'infini l'a frôlée.

Ut le 23/07/2008

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22 juillet 2008 2 22 /07 /juillet /2008 18:59




Et la route tout à coup débordée
Dénonce les verts et les prés,
S’enfonce aux mailles saturées
Des brouillards hurlants de la Grande Cité.

C’est d’abord ton nez qui fronce
Qui chatouille et qui coule 
Au sniff en défonce.
Nez grippé à la Grande Cité.

Et puis il y a les yeux, les pupilles
Qui piquent et qui cillent,
Regards embrumés
Larmes versées à la Grande Cité.

Et le cul dans ta voiture, tu es l’étranger regard
Traînant au cul des serpents de bus
Qui ramassent tout au plus
Des files d’ennuis hagards.
Traînées carboniques de la Grande Cité.

Enfin tu t’arrêtes, au bord écaillé d’un trottoir
D’une cité oubliée, endeuillée de gris
Où trottinent en grappes noires, sans bruit
Ces femmes dures aux mortes vies.
Petits chapelets solitaires de la Grande Cité.

Assis dans un recoin crade
Un homme simplement me regarde
Et tout à coup m’éblouit
Dans sa solitude sale
Marseille et sa Vierge accrochée!

Ut le 22/07/2008


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17 juillet 2008 4 17 /07 /juillet /2008 11:56

Le bonheur est dur à la tâche!
Il s’applique,
Tourne et retourne
Maille et démaille,
Au rouet de la peine
Aux tricots des envies
Aux fils des larmes
Aux pelotes des rêves.
Il s’acharne, il s’acharne,
A éclater en plein cœur
Une note fragile
Tout en rondeurs
Volée, envolée
Epanouie sur ton rire.

Ut le 17/07/2008


 

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16 juillet 2008 3 16 /07 /juillet /2008 14:26

En trêve sur ses mots.
A l'écoute de l'harmonie,
De la note juste et transparente,
Le Passeur s'en est allé.
Immobile, aux aguets,
Les yeux clos surs ses sens en reflets,
A la rive de l'innocence,
Il cueille pour Toi la musique du silence.
Au LA de tous les chants,
De tous les rythmes,
Le Passeur s'est posé sur la portée.
A l'aube de la rosée
Au pistil de la fleur
Au velours des forêts
Au murmure des eaux.
Le Passeur du bout du quai des encres
A sauté le gué de l'enfance,
Pour offrir sur le silence de ses mots
La respiration d'une rime
Ouverte à pleins choeurs.

Ut le 16/07/2008


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16 juillet 2008 3 16 /07 /juillet /2008 07:19

Il pose à votre oreille, Madame,
le point d’interrogation
d’un à venir,
et puis il le gomme,
d’un coup de regard noyé.
Ses délires en mots en alcool,
Il les déposes au matin
quand il enfile le quotidien,
l’utile et l’assassin.
Etre de vent, d’eau et d’ombres,
il vit à l’abri fracassé
des décombres de son passé.

Faut pas croire aux mémoires.
Faut à tout cœur sauter à la tête du bonheur.

Son fric sur le dos, ses épouvantes serrées sur son cœur,
il est le mendiant des leurres d’une petite pièce à bonheur.
Il est vieux, il est tard, ses nuits ont croqué les rires à la lune,
ou bien il les a oubliés, en équilibre sur son désespoir.

Madame il vous attend,
Une main sur son cœur et l’espoir en sang.

Il n’est bientôt plus qu’un pétale abandonné
à la page ouverte aux multiples soupirs,
Aérée du rythme de ses mots
Que le monde entier vient baiser,
Lui à l’isoloir de ses fêlures,
Eux en brouhaha des désirs de l’approcher,
En désespoirs du mirage de l’aimer,
En venin enfoui des jalousies.

Le Passeur de mots est fatigué, Madame.
A vos yeux il voudrait bien accrocher,
pour l'ultime fois,
un carat de bonheur
à miroiter sur l’éternité.


Ut le 16/07/2008 

 

 

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  •  Elle est comme la note, volatile et grave. Elle écrit comme elle peint: pour oublier de se souvenir, et donner en partage; participer à l'ouvrage. 
donner l'encre ou les couleurs de sa symphonie à une note.
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