Ils ont beau arroser les dalles en bas, jets bruyants guidés de cris brefs et gourds dont les échos réveillent les sommeils en sueur, la fraîcheur sèche au sol, n’a même pas le temps de dessiner quelques marques sombres par terre.
La mer transpire, lourde et plate.
Et pourtant le ciel est blanc comme avant la neige.
L’eau salée est partout: dans les draps, sur les corps, à la place du chien qui vient de se traîner deux mètres plus loin sur le carrelage.
L’eau englue.
Même la transparence mouillée de la piscine hier était plus chaude que dehors, parce que l’humide vent du Sud giclait des brassées d’air. Il faisait tellement de bruit dans les palmiers qu’on n’entendait plus les nageurs, englués dans leurs longueurs: un bonnet à fleur d’eau, un bras dehors, et puis l’autre, et puis à peine quelques gouttes blanches au bout des battements inlassables des pieds.
Le soleil brûle, invisible.
Des hommes et des femmes vont mourir aujourd’hui; hier nuit; demain; le cœur trop serré dans les corps desséchés.
Tu bois l’eau, et elle a goût de pierre.
Tu douches le corps au jet froid, et le corps transpire encore.
Fiston a tenté de dormir par terre: rien à faire, le sommeil n’est pas venu le reposer, peau nue et trempée.
Pas une cigale n’ose prendre l’été dans ses ailes.
On attend. On attend. On se traîne à Carouf, même sans argent pour les soldes; juste pour sécher la sueur dans la clim glacée.
Je regarde les volets clos, le linge qui languit par-dessus.
C’est mon pays, si fort et si lourd qu’il freine, anéantit l‘humain; géant fier, ni domesticable ni domptable. Despote.
Ce pays qui m'a prise pour la vie; mariée à lui, pour le meilleur et pour le pire.
Ut le 07/07/2009;