Ses mains virevoltaient, pianotaient, ensachaient, repartaient.
Brunies de soleil et de fruits.
Dans sa litanie la mer de Provence chantait «Belles, Belles mes cerises».
Le vent embrouillait le nuage de ses cheveux noirs et bouclés.
Le soleil avait ridé ses joues, son sourire maquillé, défraîchi depuis matin.
Ses bras nus, bruns potelés sur les muscles des cagettes posées, déposées, enlevées, trimballées, accompagnaient tous ses doigts.
Un sachet, de la monnaie; un fruit, un sourire; «Belles, Belles»…..
Ménagères et touristes s’agglutinaient à l‘étal:
Un «flouf» de robe bariolée sur peau noire secouait sa coiffe, une large main sur le bras du petit qui traînait, ahuri.
Des sous qui claquent, roulent par terre.
Des voix et des rires, comme un bourdon continu, le bourdon du monde.
Les cerises comme des reines, en un tas monstrueux, tout gonflé de soleil rougi.
Les cerises changeaient de mains; la monnaie remplaçait les cerises, dans un maigre tiroir gris.
Un doigt d’or brun pousse une mèche sur sa joue, encaisse, vole les cerises sur l’étal, les plonge dans du papier, bronzé lui aussi; attrape les centimes cuivrés.
«Belles; Belles mes cerises. Demain il n’y en aura plus!»
Je grimpe mes étages loin du vent, dans l’humide de l’escalier à tomettes, deux sachets de papier brun à la main… Quel régal: un melon d’or et des cerises de sang; le ciel et la terre de mon midi……..
Ut le 22/07/2009