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1 mai 2008 4 01 /05 /mai /2008 14:11
C'était après le bébé -Oh chaud bonheur de ce corps!- que tout s'était mis à hurler. Terreur et larmes de nuits en feu, l'âme arrachée, le corps meurtri, qui trembe.... et les doigts qui hésitent, après, sur le corps du bébé; son odeur qui n'est plus un refuge, parce qu'Ut a peur pour lui; angoisse dans son bienêtre incomplet. Son amour palpite au bord des gestes mals assurés, pas finis. Sa gloire d'être mère se cache, parce que l'autre est là, aux aguets, yeux encore vacillants, dompteur écorché par sa propre haine... Lui... son amour!...........

Dans la salle d'accouchement, quand l'assistante sage-femme glacée les avaient laissés se découvrir, le bébé les avait fixés, elle et P., pendant toute la première heure de sa vie. Intensément. Regard d'amour et de reproches, d'interrogation grave.
Souvenirs de vrilles d'angoisses, d'orgies d'amour, de larmes?
Mais surtout il leur disait l'urgence: elle était sa matrice, l'espoir de sa survie.
Et Ut voyait qu'il était clair et fort: ses yeux racontaient la fusion des deux êtres créateurs, ils apaisaient, sur l'instant, son coeur crispé sur l'énormité de ce qui venait de se produire: la naissance de l'enfant.

Comme ils avaient eu du mal, le foetus et elle, à se décider à la vie!
Ut raidie dans l'inconnu de ce qui pouvait attendre cet ange, là, dehors; lui ancré dans son ventre, buté et sourd: il savait l'angoisse, les sanglots, la frénésie sauvage de l'amour et des cris... recroquevillé dans sa solitude... mais à l'abri!
C'était cela -la peur, déjà- qui avait amenuisé, espacé, arrêté les contractions d'Ut dans la minute en suspens de l'expulsion... et pourtant, comme elle s'était concentrée, deux jours durant, pour forcer lson corps: c'était l'heure pour le bébé et elle...
Mais la gynéco avait dû prendre les spatules et arracher cette boule à sa mère; la meurtrir pour que l'enfant vive.

Quand la mère de P. était venue les voir à la clinique, tout ce qu'elle avait su répondre au regard d'Ut allaitant la douce petite existence, ce fut: "P. est comme son père"
Elle savait.
Alors Ut s'était mise à faire très gaffe, parce qu'elle était seule avec cette violence héréditaire, le bébé en dehors d'elle, exposé.
Et souvent, quand la tiède petite vie pleurait, elle la déposait dans le bras arondi de P.... et son coeur amoureux de femme-mère chantait au rythme doré des improvisations de l'harmonica dont il beçait alors le minuscule bébé blond et apaisé, au creux de sa chaleur d'homme.

Elle n'aurait pas dû aller plus loin. Pas dû l'impliquer dans le quotidien: le lait ou les couches à trouver un Dimanche, alors qu'il filait, joyeux et libre; le bébé à changer, ou bien se lever la nuit, quand sa fatigue à elle l'effrayait pour la sécurité de l'enfant dans ses bras lourds et gauches de sommeil.
...Seulement l'habituer, doucement, à la tendresse d'amour du nouveau-né.

P. avait pourtant essayé. Et il s'était cassé la figure sur son propre souvenir d'enfant, sur son être qui réclamait encore protection et caresses...


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30 avril 2008 3 30 /04 /avril /2008 15:55

Je viens de découvrir le site jaxtr.com.... si ça marche vraiment, c'est un superbe moyen de communication.
Voici mon adresse là-bas: http://www.jaxtr.com/ut0012 ... pas encore tenté... :) 

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30 avril 2008 3 30 /04 /avril /2008 09:28
Eh mec, arrête de hurler!
Tu lui as trop ratatiné son amour à Ut. Elle te tissait de tendresse jour après nuit. Tu cisaillais, colères avant violences et abandons. Tu as voulu racornir l'infini de sa passion pour la rendre douillette et confortable, et elle n'a bien vite plus eu assez d'espace pour ne pas t'égratigner l'âme; te pousser au carnage!


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30 avril 2008 3 30 /04 /avril /2008 08:49

P. a fermé la fenêtre et a crocheté Ut qui tentait de fuir sa voix, d'élargir l'espace entre les gestes de P. et sa peur à elle. Il a pris ses cheveux dans ses deux poings, l'a secouée, secouée.
Quand il a ouvert les mains, Ut s'est accroupie au milieu de tous ses cheveux par terre, essayant de les rassembler.
P. a vu Ut, ses cheveux, ses larmes infinies, ses pauvres membres tremblants qui tentaient de cacher cette honte par terre; sa voix qui ne savait plus dire.
...Il l'a empoignée et jetée sur un des fauteuils bleus qu'ils avaient choisi ensemble, un jour de sourire.
Il a cueuilli tous ses cheveux, les a serrés en une boule compacte dans son poing: qu'elle l'avale donc sa honte! Qu'elle étouffe de cet amalgame d'elle! Mais les dents de Ut ont résisté, et elle lui a échappé, courant le long des couloirs étroits de cet immense appartement en U qu'ils reconstruisaient, pièce par pièce, ensemble.
Elle ne trouvait pas de refuge inviolable: surtout pas terroriser plus les petites qui, chacune dans sa chambre fermée, devaient gober sa propre peur, guetter les cris de P. et les sanglots de Ut.
La chambre du bébé: il n'oserait pas, peut-être?
Ut s'est pelotonnée dans l'ombre parfumée... et P. a envahi la pièce, sans un cri, juste avec sa haine.
Alors, pour que leur enfant soleil ne respire pas l'horreur - mais pourquoi ne l'entendait-elle pas dormir?- Ut s'est faufilée jusqu'à la cuisine où la casserole d'eau bouillante des biberons stériles a tenté P.... mais il s"essouflait; la haine tremblotait au bord de sa fatigue.
Les mots ont repris la place des gestes. Les mots qui détruisent lui sont venus... et P. hurlait qu'il détestait cette femme; cette femme et son corps, et ses seins mous, et son cul.
Ut sevrait alors doucement l'enfant, et ses seins exhudaient le lait odorant; et ses fesses encore trop plates, qu'elle cachaient souvent sous la coupe généreuse d'un pantalon... P. aimait les taquiner de la main pour sentir venir sa soif d'elle...Et sa bouche! Comme il avait envie de sa bouche! Il le lui a crié, et Ut balbutiait: "Pas comme ça! Pas maintenant P., je ne pourrai pas!"
Et P. l'a emmenée dans leur chambre, l'a assise sur le lit et s'est enfoui dans sa bouche, cramponné à ce qui restait de ses cheveux.
Quand il l'a lâchée, envahi par son propre corps, Ut a offert ce qu'elle a pu: peur ou amour... elle l'a laissé faire, et c'est allé très vite.
Et puis il s'est couché, sans un mot, sans un regard, le dos contre son visage.
Alors la femme amour, celle qui donne la vie et étanche les souffrances, celle qui crie et pardonne et prie; cette femme-là, qui avait gommé le fière Ut explosive, qui était née d'un frémissement de P. en elle-même, n'était plus, là, qu'un balbutiement meurtri. Ut, les yeux brisés sur le large dos qui l'isolait, avilie, cherchait encore, du bout de ses doigts tremblants sur la peau âpre de P., à écrire la caresse-partage qui lui donnerait le pardon, lui apaiseraient sa nuit.
P. s'est mépris sur la signification du geste: il s'est levé pour enfiler un pull, le corps et le visage détournés.
Il s'est recouché, achevant le silence et le rejet avec la frontière de son dos vêtu.
A cet instant Ut est morte.

Le lendemain elle le quittait, tous ses enfants avec elle.



 

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29 avril 2008 2 29 /04 /avril /2008 06:19
Jusqu'à ce Dimanche soir.
Ce jour-là, parce qu'Ut avait semblé si ronde et si heureuse. Parce qu'elle soulignait la solitude de P. avec une telle insouciance presque méprisante, il a été sur elle d'un bond, dans la chambre où elle allait se coucher sans lui: il fallait qu'il la tue. La main gauche tendue pour lui prendre la gorge, la main droite derrière lui, prête à frapper.
Plus tard elle a vu l'outil serré dans son poing.
... Le visage et les yeux de peur d'Ut avaient suspendu le geste... Il s'était enfui...
Et puis il était revenu, sans poing serré, sans outil; juste les yeux fous. Et la main ouverte l'a giflée de tout son élan, de tout son poids.
Ut a glissé, s'est sauvée.
Il l'a ratrappée au bout d'un des couloirs, dans le salon saumon et luxeux.
...Et il a tourné autour d'elle, tout le temps des mots, des grincements, des accusations, de la boue de son être inachevé. L'avalanche dure des phrases dégringolait sur elle. Mais Ut ne se laissait pas pénétrer. Elle ne devait pas abandonner; il fallait qu'elle oublie l'attrait douillet de la fenêtre béante de Juillet.


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27 avril 2008 7 27 /04 /avril /2008 15:46
Et Ut a commencé son séjour en prison.
Elle ne l'avait pas su tout de suite: son amour était trop vibrant encore. Elle avait juste nettoyé cette nuit-horreur de sa tête, laissant P. la séduire par ce qu'elle chérissait en lui: sa présence, toujours; ses exigences et ses caprices d'amour trébuchant, encore à fleur de coeur; ses mains de tendresses, quelques fois; ses fuites et cet urgent, enfantin besoin du regard d'Ut sur lui.
Elle endiguait ces ambiguités par plus de tendresse, moins de passion. Un tout petit frisson d'angoisse tu au creux du ventre.

L'amour, le grand amour, ça ne part pas: c'est un puits au milieu de l'âme. Et la meilleure façon de ne pas en souffrir, c'est de le combler, encore et encore: lui enfourner de la vraie tendresse; lui frissonner le pur bonheur d'un geste; l'assouvir de tous ses yeux et de tous ses dons, à chaque instant.
A cause de cet infini insatiable, Ut avait dit "oui", pour le bébé.
... c'était avant les premières gifles.

Ils s'étaient vécus, elle trop vraiment, lui comme il pouvait, durant le restant de sa grossesse...
Et puis la jalousie, l'impuissance de la paternité avaient débordé de P.: coups hurlants; haine dégoulinante des mots.
...Et Ut qui souffrait pour P.. Qui pleurait ses piétinements désespérés. Qui lui criait, au milieu de sa peur et de sa fragilité, face à ses poings serrés et à ses yeux vides d'elle: "Arrête! Mais arrête donc de te faire tant de mal!"... Et quand P. ne pouvait plus l'entendre, il serrait son cou, son visage contre le sien, les lèvres gonflées, les yeux verrouillés sur sa haine. Ut devenait alors toute molle... et elle criait à Dieu de l'aider. Parce qu'elle aimait d'amour; parce que c'était trop laid pour être la vérité; parce qu'elle refusait que la peur déborde sur la vie; parce qu'elle ne comprenait plus.........


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27 avril 2008 7 27 /04 /avril /2008 10:51
Alors?
Remplacer son amour pour P. par un cynisme indifférent? Sa féminité par un laisser aller opaque?
Ut ne sait pas tricher quand elle sait qu'elle triche.
... Et son cerveau s'embrouille dans une mélasse pitoyable: tout ce que son éducation y a amalgamé: sentiments, devoirs, toutes ses attitudes et ses coyances, y sont disloquées et enchevêtrées.
...Et Ut continue à ne plus exister; et P. toujours autour d'elle, qui se noie lui aussi, ou fait semblant, sournoisement.

Il n'avait pas vraiment choisi: il n'avait plus eu que ses mains pour arrêter les larmes, les accusations, les implorations.
D'accord, il l'avait charmée et volée pour lui tout seul; mais aussi, peut-être déjà trop tard, il avait un jour crié: "Arrête! Je ne suis pas celui que tu reflètes dans ton regard, celui que tu respires sur ta peau... et je ne veux pas le devenir!"
Elle lui faisait mal à lui picorer un geste, une pensée, une phrase. Elle l'étourdissait à le tourner et le retourner, inassouvie et magnifique; à dérouler pour lui ces fragments de lui qu'elle lui faisaient si beaux, si vrais, si purs!

Tu as laissé faire, mec! Avec ton besoin de la piéger et de l'enfermer, avide de t'installer dans une vie que tu imaginais confortable à cause de ces 5 années d'écart entre tes 38 ans et sa "maturité"... Et te voilà coincé pour un regard trop doux, une main trop enveloppante, un mot trop juste.....


---Dieu! Cette première rafale de gifles!.......
Ut en avait pris plein la tête et plein le coeur en quelques secondes... et elle s'était anéantie aussitôt... errance...
Arrondie sur le lit-divan du joli studio de leurs vacances d'été, elle protégeait son petit ventre rond- cet encore elle-même mais déjà l'autre- pour qu'il se replie en elle, n'inhale pas la terreur qui la paralysait.
P. l'avait sacagée de coups et de cris.... et elle s'était répandue à l'intérieur d'elle-même.
Juste ne pas mourir. Attendre de pouvoir fuir le monstre qui revenait, encore et encore, les mains en avant, le corps penché en une vague énorme pour dévaster à la folie son bel amour!-------
Au matin elle avait essayé, sans bruit, à quatre pattes, de gagner la porte pendant qu'il sommeillait, enfin paisible. Ut tremblait et son cerveau tremblait. Quand elle avait vu les jambes de P. au niveau de ses yeux, elle avait courbé sa tête douloureuse et regagné le lit.

Il ne lui voulait plus de mal; presque il ne comprenait pas sa peur, et ses yeux par terre, et son silence. Il refusait déjà qu'elle ne soit plus celle qui avait tellement su rendre vie à sa vie; celle qui avaient enfin fini par lui faire croire qu'il aimait; celle qui se donnait à lui, intense et douce quand elle lui faisait si tendrement, si longuement l'amour. Déjà il ne pouvait plus respirer sans cette soie sur sa vie....
Ce qui s'était passé la veille? "Un accident Ut" Ca n'arrivera jamais plus, je te le promets!"
"Je t'aime Ut. Je te garde!"

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27 avril 2008 7 27 /04 /avril /2008 06:11

Avant que le silence amorti lui murmure inlassablement son cahos intérieur; avant qu'elle commence à mourir; elle aimait jouer avec sa vie: un peu comme un gosse avec un énorme ballon multicolore et radieux, ses bras rieurs étirés au-dessus d'elle et des enfants, elle atrapait et repoussait, d'une pichenette, la boule de joie.
Elle n'a découvert l'inertie de la vie que petit à petit et malgré elle: parce qu'à force de mettre des rustines au ballon, il est devenu tout plissé, tout triste.
Maintenant il n'existe plus.
Seule Ut est là, avec sa solitude; à côté d'un monde grassouillet; loin, si loin de l'azur lumineux!
Ut s'est amusée à la vie, de toute son honnêteté, de toute sa fougue, de toute sa foi féminine. Avec les autres elle a été la douce et la dure, la mère et le fardeau, les éclats de rire et de colère. Avec les mecs elle était la fière, l'invincible, la beauté brune et hautaine, l'amante et l'épouse. La brûlure, peut-être: Ut vivait et donnait vie, sans vraiment se préoccuper.
Ut gazouillait; même si, peu de temps avant P., histoire d'anesthésier certaines vilaines cicatrices du coeur, elle se dorlottait à sa façon de ces luxes dont elle avait si durement manqué: l'argent et le temps.
Ut était encore légère!

Et elle, la fausse frivole, elle s'était cognée dans P. Elle s'était emmêlée dans l'âme de P., dans le visage ardent de P., dans cette façon des mains de P.
P. et cette première nuit dans sa voix; dans ses mots qu'elle laissait en suspens en elle; dans ses yeux d'ombre rieurs et intérieurs, pleins d'eux-mêmes... ils ne l'ont pas vue ce soir là, et elle s'est enfouie en lui. Il était là pour lui; elle lui a laissé son âme de femme, son âme avide, la pénétrer.
Bien après cette nuit, le soir où il a osé infiltrer son corps anxieux, elle s'est ouverte... et il l'a envahie... Et la souffrance a commencé.
Il l'a chapardée, croquée, gobé, pillée, épuisée. Salement. Insidieusement.......

Ut qui se regarde maintenant, maigre et terne, avec ses gestes d'autrefois. Qui regarde cette vie de ressucitée dans laquelle elle s'épuise à faire et dire ce que les autres, nets et vifs, attendent d'elle... sans vraiment savoir.
Ut qui, soir après matin, ne comprend toujours pas  à quoi ça rime...
Et si elle se laissait mourir, de maladie, de désespoir, de son propre néant?...
Le bébé, biensûr! Elle lui doit de se donner le temps. Elle lui doit ce genre de vérité: "La vie, la tendresse, l'amour, si, ça existe: la preuve mon amour!"

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26 avril 2008 6 26 /04 /avril /2008 16:15

Son état civil dit 43 ans, mais elle n'arrive pas à additionner assez d'éléments de sa vie pour arriver jusque là. Et puis elle ne se sent pas mûre pour morter tout ce poids d'années: mettre la raison sur la passion, l'âge sur l'épanouissement d'un charme brut et sombre... s'effacer doucement, elle, l'effrontée, la vraie révoltée, l'affamée de vie..........
---Mais elle n'a pas vraiment le choix. Elle s'est laissée déborder;, et elle a dû regarder à l'intérieur d'elle pour tenter de se repêcher.... Alors elle ne peut plus s'éviter et faire comme si.... Surtout depuis que le fin fond d'elle-même, là où naît la trame de l'âme, lui est apparu, lui est devenu ce gouffre d'inconnu qui lui mange le cerveau jour après nuit.

Adolescente elle avait décidé que 42 ans c'était le bon âge pour mourir; qu'au bout de tant de temps, si l'on si prenait à peu près bien, on devait avoir vécu tout ce que le Bon Dieu avait décidé. Mais il ne l'avait pas vu comme ça le mec là haut! Et bien qu'elle ait commencé à mourir à 42 ans, maintenant il lui fallait réapprendre la vie; avec le handicap de tout cela qu'elle sait d'elle-même; et le regard des autres.
Elle s'était accrochée à eux pour l'aider, et maintenant ils traînent sur elle: ses parents qui guettent, impuissants, son premier vrai sourire; ses deux aînés, à l'affût, qui la halent quand elle oublie d'avancer. Et puis il y a les trois plus petits, encore coeurs-enfants dépendants, qui l'attendent sur l'arète imprécise de leur apprentissage.
... Et puis il y a dehors, la vie, le fric......

Pourtant elle est si bien à être rien, verrouillée dans son vaste appartement en nid d'aigle, tout contre le parc public aux si grands arbres.
C'est le seul appartement de ce dernier étage, et elle l'a meublé au minimum, ses grandes toiles colorées en écho sur sa vie d'avant. Et des portes fenêtres si larges sur les balcons, les toits de Marseille à fleur de regard... et le souffle du ciel qui rentre partout.
Le ruissellement de la rue ne rythme que les heures des autres; si contre elle et si étrangers; que presque elle le perçoit comme une rassurante présence; pas comme la fastidieuse et omniprésente communauté: elle en bénéficie sans s'y joinddre.
Et ses pieds nus frôlent les dures tomettes lisses et fraîches.
On est en Mai, et Ut s'approprie tout l'espace ouvert, jusqu'au biberon de 23 heures qu'elle donne au bébé assoupi assise à même le balcon dallé de pierres blanches, le bras dentelé et arrondi de la balustrade pour dossier, la lune tendre en auréole sur leurs deux corps sertis de nuit.
Quand le vent entortille sa dernière lessive aux fils crissant de l'autre balcon, l'annexe de la cuisine, le silence devient plus grave, l'appartement un refuge intemporel et pur, gommant mieux encore le ressac frénétique de la ville en bas.
Ut n'existe pas vraiment dans ce noir vide clair: elle accompli les gestes qui lui sont restés de l'autre femme; de celle que rien n'effrayait.
... et elle s'enroule dans l'odeur-tendresse de velours du bébé; dans le parfum sucré des petites qui grandissent; dans le glissé rieur et affairé des aînés.
Le monde s'occupe à s'occuper; Ut s'est assise en elle-même, encore abasourdie... creuse.

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