Petite vieille dame courbait l’échine de tous ces ans de batailles et de joies, d’existence, quoi.
Elle marchait cahin-caha vers la nuit de sa vie, maladroitement, boitillant, maintenant ; de vieux rêves égarés dans l’immense de ses souvenirs…
La solitude de l’âge vieux, qui a laissé sur le chemin tous les copains, lui sert de canne au présent : les enfants sont tellement loin, tellement occupés à autre chose..
Elle sait vivre sans : sans amis, sans parler, sans fredonner comme elle le faisait si souvent autrefois… presque sans penser, hein, parce que penser le futur quand il n’y a presque plus de vrais jours devant…
Petite vieille dame est mon amie. Je la côtoie de temps en temps, au bord des Dimanches vides, absents des autres ; aux soirs des couchers solitaires dans une pièce trop froide ; aux berges d’un réveil nocturne, frissonnant.
Mets ta vie dans le sac, maintenant, ferme doucement, pas trop serré, que ceux que ça intéressera puissent y plonger leur ancien amour de toi, et fais-le ce pas, cet écart du rien de ton présent au vide de mourir. Ce sera bien.
Ut le 9 septembre 2018