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29 juillet 2008 2 29 /07 /juillet /2008 22:25

La lourde porte claquée sur la nuit, elle marche au clair de la ville qui déjà efface son sommeil.
Ruelles grises et hautes au bleu délavé de ce ciel de petit matin; dédales offerts; passages de silences.
Un vieil homme balaie quelques feuilles froissées; une femme dispose doucement des coussins à la terrasse alanguie du pas de la porte de l'Opéra encore illuminé.
Un portier de nuit, debout au seuil étroit d'un hôtel, fume au boitillement gourd de sa veille, sur le jour qui libère son insomnie.
Les dalles et les pavés de la basse ville ruissellent encore de la douche matinale des machines à effacer les déchets des hommes.
Les ruelles montent.

Ses pas sont souples et vite et sans bruit.

Croise un vélo, à peine bruissé, qui file au boulot.
Sous un coin de place dort le maigre et vieux clochard qui souvent dans la journée chante à sa guitare momifiée de sparadraps. Il ne s'est pas couvert: la nuit d'été fut douce.
La dernière montée est goudronnée, bordée de trottoirs, un peu comme une rue, une bourgeoise qui grimpe au premier boulevard.
Quelques voitures qui glissent.
Lampadaires comme des hublots brumeux de lumière électrique.
Une échancrure de marches.
Une double porte vitrée qui s'efface.

Et le micro qui bombe la tête.
Les voix hachées qui s'arraisonnent.
Les pas qui se précipitent.
La lumière jaune qui délave toutes les ombres: c'est la gare.

Un long, lourd, violent déchirement: le train s'amare au quai.

Elle quitte la dolence des ombrages, les petits troquets, les pavés en pente de la petite ville d'eau salée, qui vit accrochée à son port, à ses bâteaux de pêche, à ses navires de guerre, à ses marins en escale, à ses filles colorées et racées, sans pudeur, qui rythment de leurs longues jambes noires, sa mode, ses amours et ses bagarres.

Le train, sans aucun état d'âme va changer l'espace entre elle et sa demeure, à présent ouverte sur la place d'oliviers bercés du cri gargouillé de la vieille fontaine.
Aller! Monter dans le train, lâcher les odeurs, les bruits compagnons, et partir sur aujourd'hui en ne pensant qu'à ce soir, à l'enjambement de la marche du train du retour qui lui ouvrira la sourde chaleur du jour passé, des bruits à la traîne, des parfums assoupis dans quelques recoins de sa petite ville de mer, de mouettes et de cigales.

Ut le 29/07/2008

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commentaires

V
Je suis Toulonnaise et j'ai retrouvé tous les endroits et l'ambiance dont tu parle dans ton texte. Bravo !
U
<br /> Merci Valou, c'est un joli compliment, d'autant je ne suis pas toulonnaise depuis longtemps!<br /> Et toi tu déménages? Tu quittes notre Sud? Une mutation, sans doute?<br /> Un baiser à vous deux, et plein, plein de courage!<br /> <br /> <br />
M
Toulon où j'ai laissé quelques souvenirs... Je ne l'avais pas vu ainsi, naturellement... pourtant j'y suis arrivée et repartie en train mais c'était pour une courte durée, pour une visite, pour des sourires et pour la mer...<br /> A bientôt et mes amitiés Ut, violoncelliste de l'âme !
U
<br /> Wha, c'est Si joli, Moun!<br /> Je garde, très fière, pleine de frissons partout!<br /> Baisers, Archer des jardins!<br /> <br /> <br />
M
Bonsoir, <br /> La chaleur m'est parvenue et continue ici dans cette ville si bien récitée !<br /> Bisous gros<br /> Mouffles
U
<br /> Alors tu n'as plus le coeur qui pleure? Gros Mouffles à moi, moi sur la transparente sueur de la lune d'été :)<br /> <br /> <br />
C
Y'a une façon de dépeindre tellement vivante, tellement...précise, on marche avec toi dans ta force tranquille. Je connais bien la rade et le Faron.<br /> J'aurais pu en lire encore, encore et encore plus.<br /> <br /> Je t'embrasse bien fort !
U
<br /> La force tranquille... comme j'aime cette image! J'aimerai bien y correspondre, vraiment!<br /> Pour la durée, ben, c'est comme je disais à Dominique... plus je dure, et moins c'est beau!<br /> Bise Charlie.<br /> <br /> <br />
D
Dommage que ce soit déjà fini, j'y prenais goût. Je déambulais dans les rues de Toulon, dans cette gare. C'est fou, comme lorsqu'on est pris par une lecture qui plait, on à aussitôt l'impression de faire partie du décor et de vivre pleinement l'histoire. Ce doit cela,que l'on nomme, l'art de savoir écrire.<br /> <br /> Bises Ut et merci pour ce délicieux moment !<br /> <br /> Dominique
U
<br /> Merci Dominique, belle Dominique.<br /> Je ne sais pas vraiment faire long: tout est concis, rassemblé; sans doute pour aller à l'essentiel, je ne sais pas.<br /> Belle nuit à toi (fait fichtrement chaud ce soir!)<br /> <br /> <br />

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  •  Elle est comme la note, volatile et grave. Elle écrit comme elle peint: pour oublier de se souvenir, et donner en partage; participer à l'ouvrage. 
donner l'encre ou les couleurs de sa symphonie à une note.
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