Il y a le ronron automatique, celui qu’elle déclenche quand j’entre dans la pièce où elle joue, où elle dort. C’est le ronron d’accueil, de bonjour; pour répéter qu’elle et moi c’est toujours une connivence, un compagnonnage.
Et puis il y a le ronron du soir, quand elle grimpe avec moi l’échelle de ma chambre, qu’elle frotte son corps sur le lit, étire son ventre sous mes mains, yeux fermés, lascive: d’abord c’est rapide et doux, comme pour dire « Enfin seules! », et puis il enfle, il enfle, au fur et à mesure de mes caresses, jusqu’à envahir son nez, qui donne au ronron un chant un peu mouillé.
Et puis il y a le ronron du matin, quand elle passe et repasse sur mon corps perdu de nuit. Celui-là c’est pour rempiler les mauvais rêves derrière la conscience; dire qu’il faut que j’aille voir cette merveille de jour; que sans moi c’est pas possible, qu’il faut partager et jouer, en duo bonheur.
C’est sourd et lancinant, comme un amour aveugle, un don du sang, un sourire pour toujours.
Et puis il y a le ronron de l’écriture, jaloux de ma solitude vers vous, qui vient poser son derrière sur le clavier; et me regarder, tête penchée, yeux d’eau dans mes yeux noirs, une patte sur ma joue, tout doux. Et elle écrit les lettres qui parlent de chat, et que je ne peux pas te traduire, tellement c’est fou, tout cet amour.
Ut le 29/07/2009