Il y a plein de voix que maltraite le vent. Ca fait des puzzles de sons; des hachures.
Elle n’entend pas bien. Mais mieux que dans la vie, quand même; c’est sans doute parce qu’il fait nuit.
L’anonyme est assise, comme un petit paquet qu’on n’aurait pas ouvert, sur la dernière marche du rude escalier de bois; au pied de son matelas par terre.
Le petit chien à taches blanches, taches noires dissoutes dans la nuit, l’avait entendue craquer.
Elle ronflait, puis elle s’était mise à craquer, comme souvent, d’un coup, dans le ventre de la nuit.
D’un coup de mauvais rêve, sans doute. De ceux qui réveillent les douleurs du dos, des hanches, des genoux, des mains, des passés.
Au raz des poutres de bois vieux, il l’avait vue ramper, et puis se recroqueviller, là, devant le vide.
Elle fait une tache sombre et regarde la fenêtre à peine plus foncée que la nuit, en bas.
Il y a une fente de soleil, ruisselante sur l’éternité de l’eau, brisée par les milliers de franges des vagues. Ces vagues qui la bousculent, la troussent, la poussent, la prennent et la rendent; la nagent; mouillé doux. Ventre souple et lisse de houle remuante; ronde.
Et le torrent d’or craquelé se cache sous l’eau quand la mer noye ses yeux.
Le petit chien regarde l’Anonyme sourire; enfin, il sait que c’est un sourire ce fil frémissant, tiré sur les trous des dents.
Alors, même s’il sait que ça ne se voit pas, il remue son moignon de queue, oreilles dressées sur gueule penchée.
Il sait qu’il ne sait pas. Mais pourquoi savoir?
L’Anonyme a récupéré Cali la blanche, tout au fond du souvenir. Ce souvenir étrange, ce jour où elle était enfin devenue fille……..
Ut le 29/08/2009