Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
1 septembre 2009 2 01 /09 /septembre /2009 07:10

Magnifique illustration prise chez: http://www.drame.org

Marie découvrit lAnonyme un matin vers cinq heures, alors quelle ouvrait la porte pour aller chercher du linge qui séchait sur létendoir du palier: les enfants navaient plus rien de sec et propre avec lhiver; avec cette pluie; avec sa maladie surtout.

Alors Marie sétait levée très tôt pour poser sur un radiateur quelques culottes et chaussettes, pour quils soient secs au lever des petits.

En ouvrant la porte elle se trouva, dans le froid figé de noir de la cage descalier, face à une forme grise qui se redressait en tournant lentement sur elle-même.

Marie navait jamais peur; cétait un truc quelle avait décidé une fois pour toutes pendant sa dernière grossesse; sous les poings de son amour.

Elle vit un fichu à franges, puis une serpillère qui dégoulinait sur des espèces de chaussons de feutrine. Son regard remonta de la serpillère jusquen haut de chiffons accumulés, jusquà ce quil se cogne à deux épines noires et brillantes sous le fichu, fichées dans des orbites couleur de terre.

Il ny avait aucun bruit, aucune lumière, aucune odeur; juste cette faille comme un malheur à portée de bras .

Pour agir sans crier, pour pousser le cauchemar en dehors delle, Marie appuya dinstinct sur la minuterie: ces yeux étaient un vide qui la transperçait.

Ce fut exactement à ce moment là que lanonyme se retourna et descendit les marches à une vitesse incroyable elle boitait et pourtant on aurait dit quelle glissait dune marche sur lautre, sans un son, sans même un déplacement dair. Seules ses jupes flottaient un peu à chaque frôlement avec le sol.

Marie entendit la porte du bas claquer. ..et puis plus rien quune frayeur en désordre dans sa tête. 

Elle en avait oublié les culottes et les chaussettes; elle en avait oublié quelle ne craignait rien ni personne.

Elle rentra dans lappartement, tremblante; verrouilla la porte à deux tours de clé; et se fit un très grand bol de café pour calmer tout ça.

Marie savait bien quelle venait de rencontrer la femme de ménage de limmeuble; et elle se disait Pauvre Femme.

Mais pourquoi en avait elle frissonné longtemps, seule devant son bol blanc, dans la pénombre des lumières indirectes de la pièce?

Ut le 01/09/2009

Partager cet article
Repost0

commentaires

S
je pensais à un autre genre de malheur comme l'handicap physique ou mental, le cancer,la folie, l'épilepsie ....
U
<br /> C'est vrai qu'il y a tant de malheurs......!<br /> <br /> Je Sais ce que tu veux dire.<br /> <br /> Moi je n'ai pas peur; des tas de gens n'ont pas peur; et ils se partagent pour ôter La peur panique chez ceux qui subissent tout ça... Je ne parle pas des "soigneurs", qui eux, ont peur!<br /> <br /> <br />
S
je voudrais bien que les gens n'aient plus peur! mais non, le malheur n'est pas contagieux...
U
<br /> Nous aurons toujours peur... c'est partie de la nature humaine Saadou.<br /> ... et si, le malheur est contagieux par redondance: un père maltraité par ses parents viole sa petite fille; la vie de la petite fille est du malheur; celle de la mère aussi; celle de son<br /> compagnon aussi; celle de sa fille aussi; etc....<br /> <br /> Nous ne pouvons que nous obliger à trouver du bonheur à l'extérieur.<br /> <br /> Je t'embrasse doucement.<br /> <br /> <br />
F
la peur est irrationnelle! et tu l'exprimes parfaitement ;j'ai bien aimé ce texte; quand j'aurai un peu de temps j'irai lire les autres ; bonne journée
U
<br /> <br /> On est tous pleins de terreurs incontrolées.... nous sommes tout petits, tout petits :)<br /> <br /> Bonne après midi à toi Fanfan.<br /> <br /> <br /> <br />
R
Les yeux vides qui transpercent, le silence même dans le mouvement...<br /> Mais nous en savons maintenant un peu plus sur l'anonyme, c'est la femme de ménage de l'immeuble, une miette de son non statut est partie.<br /> Tout de même, cette peur de part et d'autre: l'une qui s'enfuit, l'autre qui s'enferme...<br /> Vivement une vraie rencontre entre elles.<br /> Merci à toi Ut<br /> Que ta nuit soit douce.
U
<br /> Je ne sais pas si la rencontre peut se faire Renard: elles sont bien trop semblables, l'Anonyme et la femme qui se débrouille seule avec ses mômes!!!<br /> <br /> Un baiser doux, au milieu de ma fièvre :)<br /> <br /> <br />
C
La peur n'existe pas chez l'animal ce qui lui permet de réagir de la manière dont il a été programmé<br /> Nous avons, nous, fabriqué la peur et souvent nous paralise et nous fait agir en dépit du bon sens car nous n'avons pas de programmation à ce sujet là<br /> Heureux celui qui arrive à maitriser la peur
U
<br /> C'est comme une impuissance; une faille où on n'ose pas regarder....<br /> Merci Caphadock.<br /> <br /> <br />

Présentation

  • : Le blog de Ut
  • : Juste un Cri d'elle à eux.
  • Contact

Profil

  • Ut
  •  Elle est comme la note, volatile et grave. Elle écrit comme elle peint: pour oublier de se souvenir, et donner en partage; participer à l'ouvrage. 
donner l'encre ou les couleurs de sa symphonie à une note.
  • Elle est comme la note, volatile et grave. Elle écrit comme elle peint: pour oublier de se souvenir, et donner en partage; participer à l'ouvrage. donner l'encre ou les couleurs de sa symphonie à une note.

Texte Libre

Recherche

Archives