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10 janvier 2011 1 10 /01 /janvier /2011 14:00

 

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A Toulon en ce moment, quand on va à la gare le Dimanche à huit heures, c'est presque tout comme en semaine à six heures : on marche dans du vide qui claque les pas, et les boomerang sur des murs d'abord en loques, puis de plus en plus cossus au fur et à mesure qu'on grimpe.

Ce qui change, c'est qu'on y voit de jour dans les ruelles que la ville économise en Euros d'éclairage la nuit ; que sont déjà errants les jeunes à chiens qui traînent leurs jambes maigres et leurs regards par en-dessous sur les trottoirs du boulevard ; et puis que dans le train on peut prélasser sa bulle en première classe sans se la faire trouer par la musique à youyous des portables grands ouverts de mecs en joggings-capuches.

Il est gris temps, les arbres frissonnent à la queue leuleu de toutes leurs branches nues et noires d'hiver. On croise décroise et recroise des fils de rails qui se détricotent d'un bout à l'autre du regard.

Seul le train remue l'air dans la manche qu'il enfile de gare en gare.

On pense déjà au boulot, parce que quand on travaille dans un bureau de police et qu'on est d'astreinte le week end, c'est pour prendre les plaintes.

De plus en plus nombreuses, les plaintes ; à écrire en mots sur logiciel pénal comme du travail sur une chaîne de montage... ou de démontage de misères.

Alors dans le train-boulot on n'a pas trop envie de sourire, ou même de pousser loin des paupières le lourd sommeil pas éclusé par la courte nuit ; peut-être aussi qu'on tente de rester encore un peu enrobé du douillet de la couette et du ronron de la chatte qui guettait la respiration du pré-réveil, de la future gamelle, des p'tits câlins-grattouillis derrière les oreilles penchées, attentives au fugace bonheur « Avant qu'elle parte la garce, et qu'elle me laisse seule sur son lit froid si vite ».

Et puis des immeubles bien droits et bien glacés de béton remplacent les arbres branchus dans cette course à la file indienne ; et puis le train pousse un peu moins fort l'air devant lui... et il s'arrête au gris d'un quai lisse et tout taché de piétinements.

Il n'y a plus qu'à descendre les monumentales marches face à la Bonne Mère bardée de Mistral, et en bas, tout de verre fumé encadrée de grands carreaux blancs-sales, il y a la lourde porte du commissariat bondé déjà.

 

Ut le 09/01/2011.

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commentaires

L
<br /> <br /> Tu décris si bien ton monde qu'il en parait plus grand des petites choses que tu y glisses...Je t'imagine bien, je crois;)<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> <br /> pensées douces pour toi ......<br /> mille bizzzbizous de la jardin zen<br /> <br /> <br /> <br />
R
<br /> <br /> Les feuilles qu'on foule<br /> <br /> <br /> un train qui roule<br /> <br /> <br /> la vie s'écoule<br /> <br /> <br />                                  <br /> Guillaume Apollinaire<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> <br /> bonsoir ,ma tite note de musique ......un coucou du poitou !!<br /> coucou coucou .....<br /> bizzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> <br /> je n'arrive presque pas à écouter le texte, tant ton style d'expression me plais et fais écho : quel talent !<br /> <br /> <br />  "on marche du vide qui claque les pas" c génial<br /> <br /> <br /> "seul le train remue d'air dans la manche qu'il enfile de gare en gare"<br /> <br /> <br /> merci pour ce partage.<br /> <br /> <br /> belle journée<br /> <br /> <br /> <br />

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donner l'encre ou les couleurs de sa symphonie à une note.
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