Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
20 février 2011 7 20 /02 /février /2011 07:45

 

IMG00073-20110215-1135

Jérémy LIRON Hôtel des Arts Toulon Février 2011

 

 

 

Il n'y a plus besoin de passer ses yeux aux fenêtres : l'humide terne et triste entre partout, et s'allonge même la nuit sur le dos des couettes frileuses pendant que les lampadaires allument des flaques solitaires en traits serrés rapides furtifs et fins, comme d'innombrables ratures du crayon du ciel sur le monde.

Et au matin la pluie craque encore depuis le silence gris sale couché sur la ville, file et se splache et ricoche dans son eau par terre, et rebondit sur les pieds emmitouflés et trempés de silhouettes pressées.

Le vent la balance cette marée, raide froide invisible, et aveuglante sous les parapluies inutiles et distordus... cris muets déchirés de noir.

 

Ut le 18/02/2011

Nouvelle-image2.gif

Partager cet article
Repost0
10 janvier 2011 1 10 /01 /janvier /2011 14:00

 

3047794519_0f5ccbb370.jpg

 

 

A Toulon en ce moment, quand on va à la gare le Dimanche à huit heures, c'est presque tout comme en semaine à six heures : on marche dans du vide qui claque les pas, et les boomerang sur des murs d'abord en loques, puis de plus en plus cossus au fur et à mesure qu'on grimpe.

Ce qui change, c'est qu'on y voit de jour dans les ruelles que la ville économise en Euros d'éclairage la nuit ; que sont déjà errants les jeunes à chiens qui traînent leurs jambes maigres et leurs regards par en-dessous sur les trottoirs du boulevard ; et puis que dans le train on peut prélasser sa bulle en première classe sans se la faire trouer par la musique à youyous des portables grands ouverts de mecs en joggings-capuches.

Il est gris temps, les arbres frissonnent à la queue leuleu de toutes leurs branches nues et noires d'hiver. On croise décroise et recroise des fils de rails qui se détricotent d'un bout à l'autre du regard.

Seul le train remue l'air dans la manche qu'il enfile de gare en gare.

On pense déjà au boulot, parce que quand on travaille dans un bureau de police et qu'on est d'astreinte le week end, c'est pour prendre les plaintes.

De plus en plus nombreuses, les plaintes ; à écrire en mots sur logiciel pénal comme du travail sur une chaîne de montage... ou de démontage de misères.

Alors dans le train-boulot on n'a pas trop envie de sourire, ou même de pousser loin des paupières le lourd sommeil pas éclusé par la courte nuit ; peut-être aussi qu'on tente de rester encore un peu enrobé du douillet de la couette et du ronron de la chatte qui guettait la respiration du pré-réveil, de la future gamelle, des p'tits câlins-grattouillis derrière les oreilles penchées, attentives au fugace bonheur « Avant qu'elle parte la garce, et qu'elle me laisse seule sur son lit froid si vite ».

Et puis des immeubles bien droits et bien glacés de béton remplacent les arbres branchus dans cette course à la file indienne ; et puis le train pousse un peu moins fort l'air devant lui... et il s'arrête au gris d'un quai lisse et tout taché de piétinements.

Il n'y a plus qu'à descendre les monumentales marches face à la Bonne Mère bardée de Mistral, et en bas, tout de verre fumé encadrée de grands carreaux blancs-sales, il y a la lourde porte du commissariat bondé déjà.

 

Ut le 09/01/2011.

Nouvelle-image2.gif

Partager cet article
Repost0
1 janvier 2011 6 01 /01 /janvier /2011 18:12

 

Lustre-20ballons.jpg

 

 

Colette nous a offert une chanson aujourd'hui, et j'y ai entendu « … this crazy thing... »

« Cette folle chose »

… et j'ai pensé : cette folle chose que d'espérer encore et toujours du bonheur, de la chaleur, un peu de sous, un peu des autres autour.... cette folle chose que d'y croire un an après l'autre, et d'y travailler si fort ; et de se le souhaiter encore et encore ; cette folle chose que de vivre.. eh oui!... Et d'aimer ça! Cette folle chose que de continuer de se battre, contre la maladie, contre la misère, contre la mort, même...

Cette folle chose qu'être humain, ce râleur et qui fonce envers et contre tout! Qui râle et qui fait, construit, créé.... qui se relève...

Les cloches sonnent à toute volée, et une fenêtre est ouverte pour les entendre, ces cloches d'hommes qui distribuent de l'espérance....

Wish, this crazy thing... Cette folle chose qu'est l'espérance...

On s'endort un peu grisé et pétillant, prêt au nouveau monde qu'on a écrit, dit, chanté, … qu'on fête.

… Il est un petit matin d'hiver comme un autre ; vraiment comme un autre... et on imagine bien sûr, que tout se lève, enfin neuf et merveilleux.

 

Ut le 01/01/2011 Nouvelle-image2.gif

 

Un voeu pour nos sans logis...

Partager cet article
Repost0
25 décembre 2010 6 25 /12 /décembre /2010 12:28

 

719px-Henri_de_Toulouse-Lautrec_012.jpg

Henri de Toulouse-Lautrec

 

Il y avait Claire, qu'un client d'une nuit avinée avait prise pour la Vierge, avec sa robe blanche ses boucles noires sur ses épaules rondes, et ses yeux bleus ingénus. Tout fardés d'ingénu.

 

Il y avait Françoise, qui avait un vrai métier : infirmière!... Elle avait un vrai bébé aussi ; et quelques fois elle arrivait en retard et sentait encore le lait maternel.

Elle seule avait le droit d'occuper la piste de danse pour appâter.

 

Les autres, Marie s'en souvient moins : des maigres qui s'interchangeaient d'une nuit sur l'autre...

Ah oui, il y avait eu une black! Une magnifique black avec laquelle elle avait pris le café-croissant au matin Paris d'une terrasse vide et froide : la fille n'avait pas voulu aller boire ce café seule avec le client qui ne la lâchait plus et qui lui demandait tout le temps de lui refaire ce qu'elle lui avait fait avec ses ongles, dans la boîte....

Finalement il l'avait laissée partir... Enfin, Marie n'avait plus revu la fille black non plus.

 

 

Il y avait eu un petit mec avec une valise pleine de fric. Il faisait croire aux filles....... et son zizi ne lui servait à rien : il était planqué dans la valise...

 

Il y avait eu un jeune légionnaire (oui, c'est pas des blagues : ça existe les légionnaires qu'on fait boire dans les boîtes à « hôtesses »). Il avait beaucoup parlé à Marie... mais elle commençait à s'habituer à ce boulot, alors elle ne l'avait pas écouté... et il lui avait commandé plein de bouteilles qu'il n'avait jamais bues....

D'ailleurs quand on arrivait au bas des marches, derrière le rideau rouge ça sentait, pauvres plantes ou pauvre moquette pourrissant de tant d'alcool déversé en catimini par les filles. Elles restaient sobres les filles, toujours. Faut être vigilante quand on travaille la nuit à la capitale.

 

Et il y avait le patron : un jeune et bellâtre gars brun, qui organisait des partouses pour les filles qui lui avaient fait gagner beaucoup d'argent un soir ou un autre.

Certainement la première partie d'un proxénétisme futur.

D'ailleurs c'était lui qui à l'aube, décidait quelles filles reviendraient le soir ou pas...

 

Il n'avait jamais eu à demander à Marie de ne pas revenir :

Un matin il l'avait baisé sur un lit de camp dans l'arrière salle. Et Marie avait dit qu'elle n'était pas intéressée par les partouses.

Il était parti.

Marie était rentrée avec le premier métro pour réveiller les enfants à l'heure de l'école.

 

Souvent dans son soutient gorge il y avait plein de billets, et les enfants n'avaient pas faim en ce temps là.

 

Ut le 25/12/2010.

Nouvelle-image2.gif

Partager cet article
Repost0
23 décembre 2010 4 23 /12 /décembre /2010 10:09

fractale.jpg

Fractale

 

 

Bientôt la montre des hommes lui donnera un âge plus monstrueusement grand que celui de maintenant... très bientôt... Et quand même, elle se dit que c'est indécent un âge pareil...

Elle se dit ça, et emmaillote des cadeaux dans du papier comme des cartes-postales. Sauf qu'avec les enfants partis il y en a de moins en moins des cadeaux-cartes postales ; et qu'il n'y a plus le sapin : au fil de ces temps il est devenu un grand cône de bois tressé qui lui est aussi beau enguirlandé de boules de bois et de colliers de pacotille, que tout nu debout près de la baratte édentée et du grand coffre ciré à l'huile de lin.

 

A sa petite fenêtre il est gris-blanc de pluie ; et le radiateur dessous écaille ses rondeurs chaudes jusqu'au bout de la pièce qui grandit de l'oeil des fenêtres sur dehors à la mezzanine sous le toit, au-dessus de l'échelle de bois.

Tout à l'heure elle ira s'habiller belle et se maquiller pour préparer Noël.

 

Elle en a eu tant des Noëls aux bouts de tous ces ans!

Il y avait les si profondément blancs qu'ils se feutraient de bleu sur les grands mélèzes ; et les glaçons-stalactites tout autour du toit à la petite fenêtre au Nord bleuissaient quand on les regardait en penchant la tête pour avoir le bleu de la culotte de gendarme du ciel en transparence dans leurs gerçures.

Et aussi quelques fois il était tout pelliculé de rose le Noël, avec le sable du 

Föhn par dessus la neige des champs loin loin, là devant le balcon aux marches de bois toutes biscornues et à la pauvre vieille vigne vierge qui recroquevillait sa nudité tout autour de la rampe branlante.

Cette porte du balcon qui s'ouvrait dedans et qui grinçait toujours un peu aigu, et dont la serrure tournait à l'envers ; tout comme la grosse clé de l'armoire, la maîtresse de maison : tout était dans l'armoire, des gros pulls aux bouillottes pour les draps glacés, à la vaisselle creuse peinte, un peu écaillée de tant de soupes.

Le chalet craquait nuit et jour ; et quelques fois une énorme caresse du vent glissait le dos de la neige du toit jusqu'à par terre ; et là on ne pouvait plus passer pour aller trouer la poudreuse du jardin de profonds pas d'enfants, où quelques fois une botte restait plantée.

Et quand les Noëls neigeaient tellement fort que toutes les fenêtres étaient de coton blanc, elle s'asseyait sur le parquet bleu-vert et elle faisait des puzzles immenses ; et à chaque fois il manquait des pièces.

Alors elle allait à un fenêtre de brume, et elle dessinait l'ennui des doigts transparents de buée.

 

Et on cueillait la neige en bas des marches et on la chauffait dans une énorme bassine sur le gaz, pour préparer le bain du tub posé par terre, quelques fois sur une flaque de soleil presque pas dorée.

 

Noëls bleus, roses, blancs...

 

Et à sa petite fenêtre de mer maintenant, il est gris-blanc de pluie ; et le radiateur dessous écaille ses rondeurs chaudes jusqu'au bout de la pièce qui grandit de l'oeil des fenêtres sur dehors au trou noir de la mezzanine sous le toit, au-dessus de l'échelle de bois.

 

Ut le 23/12/2010.

Nouvelle-image2.gif

Partager cet article
Repost0
5 décembre 2010 7 05 /12 /décembre /2010 08:40

 

IMG00013-20100930-1607.jpg

 

 

Poser son sac et ouvrir du bonheur :

 

Une larme se noie dans une flaque de soleil d'eau de neige et de vent.

 

Ut le 05/12/2010.

Nouvelle-image2.gif

 

En réponse à notre petit Jardin

Partager cet article
Repost0
4 décembre 2010 6 04 /12 /décembre /2010 11:15

police2.jpg

 

 

Tu sais quoi, toi qui m'écris et à qui je ne réponds pas?

Tu sais quoi?


Deux femmes jeunes et belles se croient persécutées par un ancien amour ou l'amour des parents.

Un homme sans domicile est persécuté par d'ex-promiscuités de prison.

Une jeune femme ne s'est pas achetée de chaussures d'hiver, pour pouvoir payer une serrure à la personne qui l'emploie et dont elle s'est fait voler les clés.

Un homme a trouvé son fils mort au milieu d'une rue qu'il ne connaît pas.

Une mineure n'ose pas porter plainte contre son beau-père.

 

Tous les jours....

 

Ut le 04/12/2010

Nouvelle-image2.gif

Partager cet article
Repost0
31 octobre 2010 7 31 /10 /octobre /2010 15:01

 

DSCN1038.JPG

 

Elle est

Elle était

Elle sera

Ronde et belle.

 

Non.

Pas.

 

Enfermée dans la bulle à mirages

Boule aux yeux de verre

qui la serre et qui l'étrangle,

applatit ses rêves contre les parois

De verre.

Vase à mirages

Vase.

Vase.

Mortuaire.

 

Ut le 31/10/2010.

Nouvelle-image2.gif

Partager cet article
Repost0
26 octobre 2010 2 26 /10 /octobre /2010 19:58

 

 

Il a le visage raide, les rides amères ; les yeux petits et secs... Il a son masque d'âge.

Sa voix ne sonne plus : elle coule à peine, contourne les détritus de tous ses ans derrière : ces petits tas putrides, mares en poussières de larmes.

Et sa bouche est un coup de lame sur le vide dedans, et se rappelle à peine... craquelle quelques anciens ocres de terre.

 

Les larmes de terre d'ocre et de poussières ; ses larmes vieillies de tant d'enfance.

 

Ut le 26/10/2010.

Nouvelle-image2.gif

Partager cet article
Repost0
17 octobre 2010 7 17 /10 /octobre /2010 07:13

 

 

Elle est rousse comme la terre endeuillée d'été

On marche à ses côté et on l'écoute et on la regarde

Et juste là le monde est Beau, l'humanité est Femme,

l'univers est Art... Le monde se créé.

 

Ut le 17/10/2010.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de Ut
  • : Juste un Cri d'elle à eux.
  • Contact

Profil

  • Ut
  •  Elle est comme la note, volatile et grave. Elle écrit comme elle peint: pour oublier de se souvenir, et donner en partage; participer à l'ouvrage. 
donner l'encre ou les couleurs de sa symphonie à une note.
  • Elle est comme la note, volatile et grave. Elle écrit comme elle peint: pour oublier de se souvenir, et donner en partage; participer à l'ouvrage. donner l'encre ou les couleurs de sa symphonie à une note.

Texte Libre

Recherche

Archives